Symbole du développement des sociétés, la ville est, à l’image de celles et ceux qui l’habitent, un organisme vivant, évolutif, en mouvement.
Portée par la transition écologique et une attention accrue à la santé publique et à la qualité de vie, la vision d’une ville idéale a changé. La qualité de l’air, les espaces verts et la valorisation du patrimoine font désormais partie des marqueurs d’une ville moderne et agréable. Encore faut-il pouvoir faire cohabiter ces nouvelles attentes et les demandes de développement de nouveaux services face à une population urbaine qui continue d’augmenter. Comment créer de nouveaux espaces sans s’étendre, comment créer sans construire ? Une solution, largement expérimentée par nos voisins européens et au-delà, semble pouvoir s’imposer : celle de l’espace urbain souterrain.
Ainsi, l’espace souterrain fait partie intégrante de l’histoire de Paris. Depuis la création en 1833 d’un réseau d’égouts modernes jusqu’aux premiers parkings, un monde se développe sous nos pieds, en réponse aux besoins des habitants. Aujourd’hui, dans de nombreuses villes du monde, la ville souterraine est une part inhérente du plan d’urbanisation. À Montréal1, 33 kilomètres de réseau piétonnier souterrain existent déjà au cœur de la ville, offrant aux habitants commerces et espaces culturels. À Helsinki, le « Underground Master Plan2 » intègre des espaces commerciaux, sportifs et culturels jusqu’aux infrastructures énergétiques.
L’espace souterrain joue un rôle central dans la transformation des villes.
Prenons par exemple la livraison urbaine. Poussée par les nouveaux modes de consommation, la livraison urbaine est devenue un défi majeur. Cette activité largement plébiscitée – qui n’a pas commandé en ligne récemment ? – affecte lourdement la circulation, l’espace public, la qualité de l’air et les nuisances sonores. Dans sa forme actuelle, elle atteint ses limites.
En intégrant des zones de déchargement et d’activités logistiques dans les espaces souterrains, idéalement situés au cœur des villes, nous ouvrons la voie à des modes de livraison doux, adaptés aux rues des centres-villes et plus respectueux des habitants. À la clé : une fluidification du trafic, une diminution de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre, et des livraisons apaisées.
À Paris, « Le Pressoir de Bercy » incarne cette transformation ambitieuse. Dans le 12e arrondissement, INDIGO convertit un parc de stationnement en un espace de logistique urbaine, profitant d’une localisation stratégique pour encourager une logistique du dernier kilomètre décarbonée. Ce projet constitue la première étape d’un projet pilote ambitieux de 20 000 m² au cœur de la capitale, prévu pour être pleinement opérationnel d’ici 2026. Ce projet complexe impliquera une restructuration profonde des infrastructures existantes concernées, combinant ingénierie et innovation pour répondre aux contraintes des opérateurs logistiques et proposer des espaces fonctionnels de qualité.
En France, les parkings souterrains représentent des centaines de milliers de mètres carrés d’infrastructures de proximité. Ces espaces peuvent accueillir des hubs de logistique urbaine, des zones de stockage réfrigérées, des fermes urbaines, des installations de production d’énergie, et même être transformés en espaces refuges en cas de crise. Il suffit de les réinventer pour leur faire épouser de nouveaux usages, contribuant ainsi à une ville de proximité et en constante évolution.
La ville de demain sera durable et résiliente, si elle exploite judicieusement ses ressources aussi bien en surface qu’en sous-sol. Elle façonnera le parking du futur, devenu hybride et pilier de ses transformations.
Xavier Heulin, Directeur Général adjoint, en charge des Mutations Urbaines chez INDIGO
1 Guide du réseau souterrain de Montréal | Tourisme Montréal (mtl.org)
2 esite_2009-8_en.pdf (hel.fi)
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